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Suite à la découverte du logiciel tricheur en septembre dernier, les rappels des véhicules des marques Audi, Seat, Skoda et Volkswagen viennent de commencer. Quelles sont les modifications qui ont été mises en place par le groupe ? Celles-ci vont-elles modifier votre expérience de conduite et la valeur de revente ?

Le scandale Volkswagen en bref

Les faits : un algorithme modifiant le résultat d’émission d’oxyde d’azote de certains moteurs diesel du groupe Volkswagen (comprenant principalement les marques Audi, Seat, Skoda et Volkswagen) a été découvert par l’agence américaine de protection de l’environnement et rendu public fin septembre 2015. Cet algorithme se déclenchait lorsque les calculateurs de la voiture examinée estimaient que la voiture était en condition de test de pollution (capot ouvert pendant un temps relativement long, volant ne tournant pas, charge du moteur à régime constant, etc). L’émission d’oxyde d’azote est surveillée de près puisque ces particules peuvent être mauvaises pour la santé et pour l’environnement de manière plus large lorsqu’elles sont présentes en trop grande quantité.

Après la démission de Martin Winterkorn quelques jours après les révélations du « dieselgate », Volkswagen a commencé à communiquer sur le nombre de voitures ainsi que les motorisations touchées par le trucage. Le groupe allemand a ensuite présenté les mesures correctrices qui seront prises pour modifier les moteurs touchés afin de les rendre conformes aux normes. Sur le site internet du constructeur, un questionnaire rapide vous permet de savoir si votre véhicule est concerné.

Si votre véhicule est concerné par le rappel

Les voitures touchées par l’affaire sont sujettes à un rappel de mise en conformité débutant en février afin de modifier certains éléments du moteur. Dans une interview au JDD, Jacques Rivoal (Président de VW France) explique les modalités de ce rappel : trois lettres sont envoyées aux propriétaires des véhicules possédant le logiciel trafiqué, chacune expliquant les démarches à suivre (éléments qui seront à modifier sur la voiture, prise de rendez-vous avec un concessionnaire, …).

Toutes les opérations de remise en conformité sont naturellement prises en charge par le constructeur qui offre des services supplémentaires sur le véhicule sous la forme d’un package (lavage extérieur et intérieur, contrôle des organes de sécurité…) afin de rendre le rappel plus agréable pour le client.

Le rappel se déroule selon un ordre de passage préétabli, dans un premier temps les modèles de 2 litres, ensuite les moteurs 1.2 litre et pour finir les 1.6 litre, et cela tout au long de l’année 2016.

Quelles modifications vont être effectuées ?

Les moteurs concernés par ce scandale sont les moteurs diesel EA189 de 1.2 litre, 1.6 litre et 2.0 litres.

Chaque moteur va être sujet à des modifications permettant de régulariser leur émission d’oxyde d’azote. Ces modifications peuvent avoir des impacts sur la puissance du moteur et sa consommation. Ainsi, lors d’un achat chez CapCar, l’acquéreur est informé de l’impact du scandale sur son nouveau véhicule d’occasion.

Moteurs de 1.6 litre (1.6 TDI)

Pour les 1.6 TDI présents sur les Golf, Polo ou encore les A1, un convertisseur d’air sera installé, ce qui permettra de réduire les émissions, et une reprogrammation du calculateur moteur sera effectuée. Le convertisseur d’air sert de filtre ayant pour but de réduire l’arrivée d’air dans le moteur et par conséquent de diminuer les rejets d’oxyde d’azote. Ce régulateur de flux risque cependant d’altérer la puissance du moteur et d’augmenter la consommation ce qui entraine une hausse de l’émission de CO2. Pour l’instant, rien n’est sûr, le constructeur allemand ne peut certifier que les capacités du moteur resteront intactes.

Moteurs 1.2 litre et 2.0 litres (1.2 TDI et 2.0 TDI)

Les véhicules concernés équipés des blocs 2.0 TDI, comme par exemple les Volkswagen Scirocco, Sharan, Tiguan ainsi que les Audi Q3, A6 ou encore A4, vont se voir attribuer uniquement une modification du calculateur d’émission. L’algorithme truqué sera donc modifié afin de rendre ces véhicules conformes aux normes. Cette mise en conformité du logiciel controversé durera une demi-heure et n’aura pas d’impact sur les caractéristiques du moteur.

Il en va de même pour les voitures concernées équipées des 1.2 TDI : seul le calculateur sera modifié pour éliminer le logiciel tricheur, et il n’y aura donc pas d’impact sur les caractéristiques du moteur.

Comment cette affaire a-t-elle impacté les ventes chez Volkswagen ?

L’évolution des ventes et des immatriculations de véhicules neufs du groupe Volkswagen a été mouvementée ces derniers mois sur le marché français.

En octobre, les immatriculations de la marque Volkswagen en France avaient chuté de 3% mais puisque les immatriculations ne sont pas instantanées et mettent un certain temps à s’effectuer, nous ne pouvions affirmer une corrélation directe entre cette baisse et le « dieselgate ». Le mois de novembre a été plutôt positif pour le groupe, et le mois de décembre 2015 en forte baisse par rapport à décembre 2014. Enfin, les ventes de Volkswagen neuves ont augmenté de +5,5% en janvier 2016 par rapport à janvier 2015. Audi, également touché par le scandale, observe ses ventes bondir avec une augmentation encore plus marquée (cf graphique ci-dessous).

Ces variations assez marquées d’un mois sur l’autre sont à mettre en regard avec les annonces successives du groupe et des médias sur les impacts du « dieselgate ».

Il faut toutefois garder en tête que le dernier trimestre a la tradition d’être souvent mouvementé chez les constructeurs, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la période n’est pas privilégiée par les acheteurs pour changer de véhicule. D’autre part, les constructeurs ont malgré tout des objectifs de vente à remplir. Cela perturbe les chiffres de vente car la demande est alors stimulée et donc influencée par des incitations à l’achat temporaires mises en place par les concessionnaires.

Cette affaire est encore récente et de nouveaux éléments apparaissent de jour en jour. Certains points restent encore incertains, notamment l’impact sur les ventes de véhicules d’occasion touchés par le rappel, qui ne pourra se mesurer qu’à moyen terme.

En tout cas, chez CapCar, nous ne constatons pas d’impact sur les prix des véhicules concernés. En revanche nous observons que les particuliers vendeurs posent beaucoup de question à ce sujet à nos inspecteurs mécaniciens lors de l’inspection de leur voiture.

Sources : CCFA, Argus, Le monde, Le Figaro, Les Echos